Départ à 8h45 depuis Port-Leucate. Après un bref coup de fil à Serge Briez, le rendez-vous est pris. C’est ma première participation à ce projet, celui de l’association Les PEUPLES de la MER. Créée en fin d'année 2020, elle a pour ambition de recueillir des données indépendantes sur les cétacés dans le cadre du projet éolien offshore de EFGL/ENGIE au large de Port Leucate. L’objectif est d’augmenter nos connaissances sur les populations de cétacés qui fréquentent la future zone d’implantation des éoliennes flottantes, afin de mieux mesurer les impacts industriels sur la faune sauvage. Les PEUPLES de la MER est née de la passion et de l’engagement d’un citoyen résident du littoral, photographe réalisateur naturaliste, marin et directement concerné par ce projet éolien. Son travail de prospection s’inscrit dans la continuité de celui réalisé par les passionnés de l’association BREACH dont Serge fait partie de longue date. La différence ? La zone d’étude est définie en fonction de la future zone d’implantation des éoliennes flottantes.
Après un petit briefing, je suis donc impatient de prendre la mer ! Celle-ci est plate, presque d’huile. Très vite, nous faisons nos premières observations de Grands dauphins (Tursiops truncatus) près de la falaise du plateau Leucatois.
Nous prenons le temps de les apprécier et de photographier leur dorsales afin de les identifier à posteriori. Cette espèce a pour habitude de fréquenter principalement un espace marin allant des zones côtières jusqu’aux zones de talus où la profondeur des mers augmente significativement. Si j’en ai déjà aperçu depuis la Falaise lors du suivi de migration prénuptiale depuis le plateau Leucatois effectué par l’association Med-Migration, mon émerveillement est encore plus profond lorsqu’il s’approche spontanément du bateau poussés par leur curiosité. Ces peuples de la mer sont pratiquement invisibles et pourtant bien là ! Pour cette sortie, nous ne verrons pas d’autres espèces de cétacés mais un autre groupe de Grands dauphins plus au large en train de se nourrir de façon opportuniste derrière un chalutier. Autre axe d’importance, les oiseaux marins. Dans ce domaine, mes compétences sont nettement plus abouties. Les conditions d’observations sont parfaites mais sur un bateau, les choses sont différentes que sur terre. Pas de longue vue permettant d’identifier les oiseaux en cas de doute. Les mouvements du bateau rendent impossible son utilisation. Du coup on fait tout à la jumelle avec parfois quelques frustrations lorsque les oiseaux sont un peu trop loin. Dans tous les cas, le cortège d’espèces observé est bien en place : Fou de bassan, Puffin yelkouan et des Baléares mais aussi le Puffin de Scopoli répondent à l’appel. Nous aurons le plaisir de voir passer en vol une magnifique Océanite tempête ainsi que les traditionnels Sternes pierregarin, Sternes caugek et Sternes naines
Fou de Bassan photo Serge Briez
Fou de Bassan vol décomposé montage en 7 photos
Puffin Yelkouan photos Alexandre Hamon
Bondrée apivore photos Alexandre Hamon
Puffin scopoli photos Alexandre Hamon
en cette saison de reproduction. Je reste concentré afin d’évaluer leur nombre par espèce. La tâche est parfois ardue lorsqu’ils sont en pêche. Pour l’instant la période est à la reproduction et au nourrissage des petits. La grande majorité de ces espèces se concentre sur des îles peu ou pas fréquentés par les hommes (zone de nidification) ou à proximité (zone de pêche) ce qui peut expliquer un nombre relativement restreint d’individus présents sur zone en plein mois de juillet dans le Golf du Lion. Cependant on peut retrouver l’effet inverse comme ces milliers de Puffins yelkouan (2 418 individus le 16 mai 2021 / 3 458 individus le 28 mai 2021 ou encore les 12 542 individus le 8 mai 2020) observés lors des journées de migration Leucatoise. Cette espèce à la particularité de nicher à des centaines de kilomètres plus à l’est mais effectue de très grand trajet en groupe afin d’aller sur des zones de pêches fructueuses avant de revenir nourrir les poussins (Habitats maritimes des Puffins de France métropolitaine : approche par balises et analyses isotopiques) Ces mouvements importants sont plutôt méconnus et sont donc à évaluer dans le cadre d’une étude d’impact. Les périodes de migrations des oiseaux marins mais aussi « terrestres » seront également à prendre en compte. Il est certains que nous retrouverons des espèces d’oiseaux « terrestres » en mer notamment par vent de tramontane qu’ils semblent affectionner dans leur voyage migratoire. Il n’est pas rare d’observer des Bondrées apivore en migration au dessus de la mer depuis le plateau de Leucate. Ainsi l’évaluation de la fréquentation par les oiseaux marins et « terrestres » (lors des phases de migrations) constitue un enjeu très important dans l’évaluation des risques liés à l’implantation d’un projet éolien offshore. À ce propos, l’expérience de l’éolien terrestre l’a parfaitement démontré. Les projets offshore posent d’autres questions en particulier à proximité d’un site de migration majeur. En effet, des questions d’ordres comportementales restent en suspens. Par exemple, il est bien connu que les structures présente à la surface de l’eau sont souvent le lieu de reposoir pour les oiseaux. Il semble donc impératif de mener des études permettant d’y répondre et l’association « Les Peuples de la Mer » souhaite pouvoir apporter des éléments de réponses dans la limite de ses possibilités actuelles… Retour au port, la journée est passée très vite malgré les 9 heures de prospection. La fatigue se fait ressentir mais l’immense plaisir et le privilège de pouvoir observer ces peuples de la mer donne l’envie immédiate d’y retourner ! Pourquoi pas vous si vous êtes intéressé ? Repérer la présence de cétacés, apprendre à reconnaître des espèces d’oiseaux rarement vues sur la côte sont autant de possibilités qui s’offrent à vous...
Alexandre, un citoyen du littoral parmi tant d’autres
à propos d'Alexandre :
Diplômé en Gestion et protection de la Nature, il se passionne pour les observations naturalistes que ce soit en photographie ou à la jumelles. Il possède de solides connaissances en ornithologie et les met en oeuvre au service de l'ONG Les PEUPLES de la MER.
l'ONG Les PEUPLES de la mer est parrainée par le Parc Naturel Marin Golfe du Lion @parc.naturel.marin.golfedulion @villedeleucate @navily @leucate.tourisme
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